En fait, l’électrification des poids lourds, on s’en fout.


La semaine dernière, à l’occasion de la remise des trophées EVE 2023, le formidable Aurélien Bigo a partagé ce graphique, issu de sa thèse.

Depuis 1960, en France, les émissions de CO2 dues au transport de marchandises ont été multipliées par 3.

Cette évolution est la combinaison de différents éléments, qui réduisent ou augmentent les émissions totales. Du côté des bonnes nouvelles, le remplissage des véhicules (en jaune), les consommations énergétiques des véhicules (en bleu clair) et l’intensité carbone de l’énergie (en bleu foncé) se sont améliorées, et ont contribué à tirer les émissions vers le bas. Mais dans le même temps, le report modal (courbe orange) s’est effondré, multipliant par deux les émissions de CO2, et annulant les effets bénéfiques des trois leviers précédents.

Et surtout, surtout, surtout.

Le total des émissions (courbe en gris) suit quasi mécaniquement… l’explosion de la demande de transport (en rouge). C’est à dire la multiplication *par 3* du volume de trucs qu’on transporte. On transporte trois fois plus de trucs en 2017 qu’en 1960.

(et j’ai vérifié: la population française a augmenté de 45% durant la même période, pas de 200%, hein.)

Donc on peut bien s’agiter sur le B100, les vignettes critR et l’hydrogène. Il faut le faire. Mais ce ne sont que les courbes bleues de ce schéma.

Le vrai problème n’est pas là.

Le problème est dans la structuration économique profonde de notre société occidentale qui, pour sa survie, extrait, produit, transporte, distribue et jette toujours plus de trucs.

C’est la faute de tout le monde en général et de personne en particulier. Mais c’est se fourrer le doigt dans l’œil bien bien loin que de refuser de penser la sobriété.

Voilà.

C’était mon coming-out décroissant.