Je suis de plus en plus mal à l’aise avec ce terme de reconversion. Cette étymologie religieuse, où il aurait fallu se convertir à un premier métier, puis abdiquer dans la honte pour se convertir à nouveau.
On entend beaucoup bifurcation ces temps-ci, c’est joli, ça évoque les petites départementales qui rallongent le trajet mais font démarrer les vacances.
J’aime bien transition, c’est doux. On transitionne de l’hiver au printemps imperceptiblement, trois minutes de lumière en plus par jour.
Et puis la fameuse désertion. Le geste fort, romantique ou condamnable, selon le côté du manche d’où l’on en parle.
On me demande parfois « alors, tes ancien-ne-s client-e-s, en quoi se sont-iels reconverti-e-s? » sous-entendu « de grenouilles, sont-iels devenus girafes ou lapins? ».
Si à 40 ans tu n’as pas fait un burn out et un CAP pâtissier…
Les virages les plus spectaculaires peuvent être les plus précaires.
Les plus jolies transitions sont celles qui emmènent ce qui a compté jusqu’ici, les bonnes raisons qui nous amené à faire ces études et ces métiers. Celles qui réveillent des morceaux de rêves d’enfants, et gardent au centre nos sujets d’excellence. Celles qui mêlent du familier dépoussiéré et de la fraîche nouveauté.
De loin, le point d’arrivée peut ressembler à celui de départ. Alors que ce pas de côté nécessite tellement de révolutions intérieures…