🚚 Occupation de la voirie et report modal 🚌


On voit souvent passer ce genre d’illustration trĂšs parlante pour dĂ©montrer la meilleure efficacitĂ© des transports en commun notamment face Ă  l’autosolisme.

Pour le transport de marchandises, c’est pareil: un train de marchandises, c’est 80 camions, une barge fluviale, c’est 200… Alors qu’est ce qu’on attend?

Une partie des difficultĂ©s se cache avant et aprĂšs l’illustration. Une fois que tout le monde est montĂ© dans le bus ou que les containers sont sur la barge, on a fait le plus dur…

Parce que chacun dans sa voiture, ou chaque cargaison dans son camion, peut partir de n’importe quelle origine pour aller Ă  n’importe quelle destination, pour n’importe quelle distance. Le fait que tout le monde se retrouve, Ă  l’instant du dessin, au mĂȘme endroit, est une sorte de hasard, personne ne s’Ă©tant accordĂ© avec ses congĂ©nĂšres.

Prendre le mĂȘme bus, ou consolider des flux pour les massifier sur un train ou une barge, ça nĂ©cessite :
– d’avoir un premier mode de transport pour rejoindre la station de dĂ©part,
– d’attendre un vĂ©hicule qui partira Ă  heure fixe,
– de voyager Ă  cĂŽtĂ© d’inconnus (si, si, ça peut ĂȘtre un problĂšme pour certaines marchandises),
– et une fois Ă  la station d’arrivĂ©e, de rejoindre sa destination finale par un dernier moyen de transport.

En ville dense, les distances pour rejoindre les stations sont plutĂŽt courtes, et les ĂȘtres humains ont souvent des jambes, qui leur permettent de faciliter ce qu’on appelle le prĂ© et le post-acheminement. Les Ă©tapes avant et aprĂšs le dessin.

Les cartons et les palettes n’ont pas de jambes. C’est pour ça qu’on a besoin d’engins de manutention (chariots, grues…) et souvent, de personnes pour les manipuler. Ca demande du temps et des ressources.

Tout ça pour dire que ce genre d’illustration m’agace un peu (et je partage celle-ci parce qu’elle se prend moins au sĂ©rieux que d’autres):
– parce qu’elles zooment sur un seul maillon du transport, et nĂ©gligent ce qui se passe avant et aprĂšs, tout aussi important pour la performance globale du transport.
– parce qu’elles opposent les modes de transport les uns aux autres, au lieu de chercher leur complĂ©mentaritĂ© et le bon usage pour le bon trajet.

NB: Je ne parle volontairement pas ici d’impact carbone ou de pollution, je parle d’organisation logistique. Parce que malheureusement, l’argument environnemental ne suffit pas, Ă  lui seul, Ă  faire changer les pratiques