On voit souvent passer ce genre d’illustration très parlante pour démontrer la meilleure efficacité des transports en commun notamment face à l’autosolisme.
Pour le transport de marchandises, c’est pareil: un train de marchandises, c’est 80 camions, une barge fluviale, c’est 200… Alors qu’est ce qu’on attend?
Une partie des difficultés se cache avant et après l’illustration. Une fois que tout le monde est monté dans le bus ou que les containers sont sur la barge, on a fait le plus dur…
Parce que chacun dans sa voiture, ou chaque cargaison dans son camion, peut partir de n’importe quelle origine pour aller à n’importe quelle destination, pour n’importe quelle distance. Le fait que tout le monde se retrouve, à l’instant du dessin, au même endroit, est une sorte de hasard, personne ne s’étant accordé avec ses congénères.
Prendre le même bus, ou consolider des flux pour les massifier sur un train ou une barge, ça nécessite :
– d’avoir un premier mode de transport pour rejoindre la station de départ,
– d’attendre un véhicule qui partira à heure fixe,
– de voyager à côté d’inconnus (si, si, ça peut être un problème pour certaines marchandises),
– et une fois à la station d’arrivée, de rejoindre sa destination finale par un dernier moyen de transport.
En ville dense, les distances pour rejoindre les stations sont plutôt courtes, et les êtres humains ont souvent des jambes, qui leur permettent de faciliter ce qu’on appelle le pré et le post-acheminement. Les étapes avant et après le dessin.
Les cartons et les palettes n’ont pas de jambes. C’est pour ça qu’on a besoin d’engins de manutention (chariots, grues…) et souvent, de personnes pour les manipuler. Ca demande du temps et des ressources.
Tout ça pour dire que ce genre d’illustration m’agace un peu (et je partage celle-ci parce qu’elle se prend moins au sérieux que d’autres):
– parce qu’elles zooment sur un seul maillon du transport, et négligent ce qui se passe avant et après, tout aussi important pour la performance globale du transport.
– parce qu’elles opposent les modes de transport les uns aux autres, au lieu de chercher leur complémentarité et le bon usage pour le bon trajet.
NB: Je ne parle volontairement pas ici d’impact carbone ou de pollution, je parle d’organisation logistique. Parce que malheureusement, l’argument environnemental ne suffit pas, à lui seul, à faire changer les pratiques…